Dans son atelier de Montbron, en Charente, Francis « Fantôme » Terrade sculpte la lumière à travers des lampes qui sont autant de personnages. Leur créateur a parcouru bien des chemins avant d'en venir au travail de la matière : un tour du monde dans la Marine nationale à vingt ans, des années comme éclairagiste pour le spectacle vivant, une immersion dans une usine désaffectée aux côtés de dizaines d’artistes et artisans.
C’est auprès de deux sculpteurs statuaires qu’il découvre, au début des années 1990, le goût de la représentation du corps humain, et plus particulièrement féminin. « Philosophiquement, je pense que la lumière vient des femmes », confie-t-il. Ses lampes prolongent cette conviction avec des formes expressives, élancées ou contorsionnées, toujours empreintes d’une tendresse pour la figure humaine. Des formes géométriques, comme un clin d'œil à l'art décoratif, émergent également cette dernière décennie.
Sa matière de prédilection est le cuivre, chauffé à la limite de la fonte puis modelé, toujours allié à l’étain. Tube de plomberie à l’origine, il devient squelette, corps, mouvement. Chaque pièce est le fruit de techniques variées, parfois inventées. Une attention particulière est portée aux nuances du métal, allant du rouge au vert, jusqu’à la patine finale qui révèle sa profondeur.
Les lampes de Francis ne se contentent pas d’éclairer, elles composent avec la lumière elle-même. L’ampoule nue, transparente, se reflète dans une dorure discrète, diffusant une chaleur proche de celle de la flamme. Un chapeau-réflecteur coiffe ces silhouettes et ainsi emprisonne le flux pour en restituer une clarté dorée.
Lampes à poser, appliques, suspensions… toutes ses œuvres sont autant de pièces uniques. Cependant, ce sont surtout les lampes-sculptures qu’il affectionne, véritables personnages de cuivre et de lumière, à la fois précieux et bruts, qui transforment l’espace et portent la marque d’un esprit singulier.
De cette démarche naissent des objets expressifs et intemporels, qui racontent un chemin de vie : de la scène à l’atelier, de la lumière des spectacles à celle qui habite nos intérieurs.
